On est à 6 km à peine du bord du lac et à 15 km au sud-est de Zurich. En face, sur l’autre rive du lac, se trouve Thalwil, où est basé Beat Mändli. Les deux finalistes de la Coupe du monde ‘07 sont à deux battements d’aile d’oiseau. Et dire que tous deux ont atterri ici après un crochet par le canton de Fribourg, l’un à Riaz, chez les Liebherr, l’autre à Chiètres, où les Notz lui ont fait bon accueil durant douze mois. Avouez que le Schaffhousois et le Jurassien (que treize ans les séparent) n’ont pas seulement une équitation et une silhouette proches, mais un parcours assez voisin !
Quand polo rime avec saut
« Urs Schwarzenbach montait ici au Rütihof, à la fin des années 60, avec son épouse, c’est comme cela que j’ai fait sa connaissance », raconte Hugo Schmutz, l’es-propriétaire du manège, qui vit et monte toujours ici. « En 2001, il a racheté les installations. L’endroit lui plaît beaucoup et il peut y poser son hélicoptère, mais il ne vient pas souvent ». poursuit-il.
L’ensemble a alors été rénové, le manège (62 X 22 m.) a été agrandi, un marcheur a été construit et de nouvelles écuries magnifiques ont été bâties, avec des boxes de 4,50 X 5m. Le terrain (du sable synthétique), identique dehors et dans le manège, est excellent. Et des chemins aménagés permettent de partir pour des balades très sûres dans les bois. Werner Oberholzer, architecte et homme de confiance des Schwarzenbach, s’est chargé de ces travaux. Urs Schwarzenbach vit surtout en Angleterre et ses écuries zurichoises étaient donc sous-occupées. D’où l’idée de prêter celles-ci à Steve Guerdat.
« C’est génial, je dispose du tout, appartement compris. Et j’ai de surcroît un contrat de sponsoring jusqu’à la fin ’08. M. Schwarzenbach était prêt à partir pour quatre ans, mais je veux qu’il ait envie de ressigner après les JO, tout doit être basé sur la confiance et l’envie de poursuivre l’aventure », précise sainement Steve, qui tient aussi à son statut d’indépendant. « Je suis libre, indépendant et cela me plaît beaucoup, même si je dois évidemment justifier la confiance placée en moi ».
« L’an passé, je redoutais que ce retour en suisse soit un pas en arrière, un retour à la case départ Il m’a fallu quelques mois pour digérer tout ça, je me voyais presque repartir à l’étranger, tout en montant pour la suisse, bien sûr, mais je ne savais pas vraiment si je pourrais construire quelque chose de solide ici. Les événements heureux se sont ensuite précipités et, aujourd’hui, je trouve que j’ai la plus belle des situations », confie Steve.
Aidé de Heidi Mulari, sa fidèle groom finlandaise, qui l’a suivi après son départ de Valkenswaard, et d’une seconde palefrenière venue du Nord, Steve Guerdat a pour l’heure six chevaux dans son camp de base zurichois, « quatre à Yves G.Piaget et deux jeunes à moi ». Steve croit beaucoup en Touch the Diamond, une jeune irlandaise qui a très bien sauté au Sunshine Tour.Et,à la suite de Kador du Valon, « un futur crack, je l’espère » d’autres pourraient débarquer bientôt. « J’ai beaucoup de chance, car Yves Piaget est très motivé ».
« Les chevaux ne sont pas très à l’aise dans ces espaces trop étroits, je préfère qu’ils aillent au pré, ce d’autant que chaque cheval jouit d’un parc privé ! »
Un environnement positif
Steve jouit d’un joli petit appartement, «avec vue sur le paddock et les chevaux». Sa mère est venue lui donner un coup de main pour s’installer, mais ce 1er avril-là, tout le monde s’est en fait retrouvé au chevet de Jalisca…
Et un soir sans concours ni déplacement (c’est plutôt rare !) il y a Zurich, «la ville la plus animée du pays, il y a mille choses à faire et à voir, c’est super. J’ai appris le schwyzerdütsch chez les juniors, mais depuis mon séjour en Hollande, je parle un peu trop «allemand» pour les copains, il va falloir que je fasse un effort!»
Pour les voyages, Steve Guerdat a racheté le camion de Paul Estermann, « juste après le CSI-W de Genève, l’enveloppe de la coupe du monde a payé un bon bout et mon père a mis la différence ! ». Le lendemain de notre visite, ce camion est parti pour Amsterdam, d’où Trésor devait s’envoler pour Las Vegas.
Tous amoureux de Jalisca !
Sur sa surdouée, Steve Guerdat est intarissable : « Elle a toutes les qualités d’un crack, la force, le respect, le courage et la vitesse. Son galop est parfait un peu difficile à gérer, car elle a du mal à raccourcir, mais elle est plus rapide que les autres sur un barrage. A Genève, elle ne connaissait rien du grand sport et elle a battu les meilleurs chevaux du monde, dans une épreuve très difficile. Jalisca est une jument hors du commun, ses qualités, son caractère exceptionnel, elle va sûrement les garder, j’espère juste qu’elle aura toujours la même envie, la même confiance en elle aussi. Je devrais être très attentif. Et patient », avoue le jeune prodige jurassien.
Texte : alban poudret