Avec la finale de la coupe du monde à Göteborg la semaine prochaine et les Jeux olympiques, la saison du cavalier jurassien s’annonce intense.
Le ciel se déchaînait sur la campagne zurichoise ce lundi après-midi. Malgré les conditions climatiques, la vue sur le lac était toujours aussi imprenable.
Au Rütihof, sur les hauts de Herrliberg, cette fricasse, passagère, ne semblait pas déranger l’humeur des lieux. Steve Guerdat avait trouvé refuge dans le grand manège et travaillait avec un jeune cheval. «Ca nous change de l’air du Qatar, où il y a deux jours, il faisait plus de quarante degrés.» A l’ombre?
A la tête de sa propre écurie, Steve Guerdat fait un peu patron de PME. «C’est un peu ça, mais j’en suis très heureux. C’est un travail qui me donne beaucoup de soucis mais aussi beaucoup de plaisir.» A ses côtés, trois employés. «On s’amuse ensemble. Ils font tout, ils feraient tout, pour moi.»
Cette petite équipe vit de rêves. Steve Guerdat n’est pas encore officiellement assuré d’aller aux Jeux, mais sa position de leader aux côtés de Beat Mändli, il ne fait aucun doute que le Jurassien sera du voyage à Hong Kong. «A Doha, ce week-end, Jalisca Solier m’a enlevé mes derniers doutes. Elle a très bien supporté le voyage et un déplacement pas très bien organisé. Dans des conditions particulières, elle a aligné des sans-faute dans des grandes épreuves. Elle est prête!»
Guerdat avait adoré l’aventure olympique en 2004, à Athènes. Le Jurassien est prêt à remettre cela. Il sait que le cadre définitif sera dévoilé lors du CSIO de Saint-Gall. «Une médaille olympique me tient à cœur. Et, par équipe, l’objectif est réaliste, surtout si Christina Liebherr et No Mercy participent aux Jeux.»
Le cavalier de Herrliberg avance. La crise que vit le mouvement olympique ces derniers temps ne m’ébranle pas. «Il y a d’autres façons de gérer les malheurs sur la terre. Ce n’est pas aux athlètes de régler tous les conflits. L’esprit olympique est contre tout ça. Les jeux ont une signification humaine et chaleureuse.»
«J’ai envie d’avoir mon mot à dire»
«Je n’aime pas les gens qui critiquent et qui ne font rien. Dans la vie, il faut s’impliquer pour ce que l’on fait. J’ai envie d’avoir mon mot à dire, de faire bouger les choses.»Steve Guerdat est un homme d’action. Depuis quelques mois, le jurassien a intégré le comité de l’IJRC, l’international Jumping Riders Club. Présidée par le champion brésilien Rodrigo Pessoa, l’association des cavaliers a pour but de faire entendre la voix des principaux acteurs du milieu. Steve Guerdat n’a pas hésité à rejoindre le bureau de l’IJRC, où il côtoie Ludger Beerbaum, Michel Robert, Jeroen Dubbeldam, Kevin Staut, Roberto Cristofoletti, Jessica Kürten et Peter Wylde. «On se réunit une quinzaine de fois par année. Les affaires de dopage ou fair-play dans le sport font partie de nos priorités.» L’IJRC organise surtout la finale du Top Ten, qui réunit la crème des cavaliers en fin d’année.
«On aimerait donner l’accès aux compétitions aux bons cavaliers, pas seulement à ceux qui ont de l’argent. Ces derniers temps, certains concours ressemblaient à des garden-parties. Nous sommes contre les cercles fermés», avertit le jurassien. «Il y a encore trop de bureaucrates dans le sport.
Nous sommes les vrais acteurs, mais nous ne sommes pas toujours entendus.» Les sports équestres prennent régulièrement pour modèle les exemples du tennis ou du golf, deux sports qui ont su s’étendre grâcenotamment à l’apport de retransmissions télévisées et du sponsoring.